L’impensé social des rumeurs politiques. Sur l’approche dominocentrique du phénomène et son dépassement

Les rumeurs politiques sont habituellement traitées à l’écart des formes générales et familières du phénomène social de la rumeur. Cette clause d’exception théorique repose sur la conception d’un rapport au politique clivé, opposant de façon polarisée les milieux populaires (gens d’en bas) aux milieux élitaires (gens d’en haut). Les rumeurs politiques colportées dans les premiers seraient affaire de croyance, et étudiées comme telles. Alors que les élites sociales et les professionnels de la politique joueraient et se joueraient des rumeurs en stratèges. L’auteur met au jour les ressorts dominocentriques de la thèse établissant ce partage artificiel du phénomène et défend, en prenant appui sur la littérature du sujet et des exemples de la chronique politique récente, une approche qui articule usages populaires et usages politiques des rumeurs.Political rumours are usually dealt with on the fringe of the general and familiar forms of rumour as a social phenomenon. This theoretical special clause relies on adopting a cleft relation to politics which opposes and polarizes the popular classes (people from below) and the elite classes (people from above). Political rumours in the former category being an issue of faith and studied as such whereas the latter – the social elites and professional politicians – embodying the role of strategists, might play on rumours and scoff at them. This article aims at putting into perspective the domino-centric aspects of the thesis so as to carry out this artificial divide of the phenomenon. While relying on a review of the relevant literature alongside with examples taken from recent political agenda, the paper also stands up for an approach combining popular and political usages of rumours.Los rumores políticos son habitualmente tratados por fuera de las formas generales y familiares del fenómeno social del rumor. Este cierre de excepción teórica se basa en la concepción de una relación política clivada oponiendo de forma polarizada los medios populares (gente de abajo) y los medios elitistas (gente de arriba). Los rumores políticos circulantes. En los primeros serían cuestión de creencia, y estudiados como tales. En tanto las elites sociales y los profesionales de la política jugaron y jugarán los rumores como estrategias. El autor pone al día los resortes dominocéntricos de la tesis, estableciendo compartir artificialmente ese fenómeno, y defiende, apoyándose en la literatura sobre el tema y ejemplos de la crónica reciente, un enfoque que articula usos populares y usos políticos de los rumores