Le programme Erasmus en France, en Italie et en Angleterre : sélection des étudiants et compétences migratoires

Les migrations étudiantes en Europe ne sont pas nouvelles. Toutefois, le Programme Erasmus a institué un type de mobilité qui n’est pas sans conséquences dans des systèmes d’enseignement supérieur européens qui ont des pratiques sélectives, productives et intégratives particulières. Partir de ce dispositif dans les trois pays où sont nées les Universités (Italie, France et Angleterre), et des trajectoires des jeunes, permet de poser la question, au-delà des discours sur les bienfaits de la mobilité et de la satisfaction largement affichée par les participants, du développement d’inégalités plus latentes au sein de systèmes plus “massifiés” que “démocratiques”. Si l’on s’intéresse aux compétences, au capital migratoire acquis préalablement par les étudiants ainsi qu’aux pratiques sélectives dans les Facultés ou départements, on s’aperçoit que ce programme tend à consacrer des jeunes dont les parcours scolaires sont en général, si ce n’est brillants, du moins rapides et/ou atypiques. De même, les données statistiques de la Commission européenne montrent que la réciprocité des échanges est rarement atteinte. Ce programme semble donc renforcer les suprématies (langagière et institutionnelle notamment) préexistantes et une diversification grandissante des parcours étudiants.Student migrations in Europe are not new. However the Erasmus program has introduced a certain type of mobility. This is not without consequences on Higher Education systems in Europe, which have their own selective, productive and integrative practices. Participating students tend to underline the benefits of the programme and their personal satisfaction, but a closer look at the programme in the three countries where the university was born and at the Erasmus student trajectories allows raising the issue of inequalities in patterns of mobility. We may ask whether latent inequalities have increased in systems which are “mass” rather than “democratic”. Looking at the skills and the migratory capital already acquired by students and at the selection practices in the departments or faculties, it is obvious that this program tends to consecrate young people whose educational trajectories are, if not brilliant, at least fast and/or atypical. Moreover, the European commission’s data show that reciprocity of exchanges is rarely achieved. Hence, this program seems to reinforce the pre-existing supremacy (of languages and of some institutions in particular) and the growing diversification of students’ trajectories