Télévisions arabes sur orbite

Alors que les pays du monde arabe subissent les effets d’une instabilité politique, l’intérêt ou les inquiétudes qu’ils suscitent en Occident ont permis au grand public de découvrir les chaînes satellitaires de la région, dont la plus connue est sans nul doute Al-Jazeera. Mais quel est justement l’impact de ce média ? Quel rôle joue-t-il ? Quelles représentations véhicule-t-il ? De quelle société se fait-il le porte-parole ? Si Al-Jazeera est quelque peu atypique, la tentation reste grande néanmoins de l’opposer à l’écrasante majorité des autres chaînes de la région pour noter à quel point elle est “ démocratique ” et donc… à quel point les autres ne le sont pas… L’intérêt majeur de cette étude est de dépasser enfin les limites de ce type de raisonnement en prenant pour point de départ deux postulats : le premier est la nécessité de ne pas séparer les médias des sociétés desquelles ils sont issus (et donc des processus historiques qui traversent ces sociétés) ; le second consiste à appréhender les médias arabes comme un système (on ne peut les comprendre et comprendre leur mutation qu’en analysant comment ils se développent les uns en relation avec les autres). L’accent est mis sur le cas égyptien pour illustrer la réflexion et montrer comment l’évolution d’un système médiatique particulier est bien le fruit d’un ensemble complexe de contraintes et d’opportunités, venant tant de l’intérieur que de l’extérieur du territoire national, et impliquant tant l’État que les acteurs du secteur privé. Enfin un ouvrage de référence en français, extrêmement documenté, qui pose les jalons d’une recherche sur les médias arabes.Qu’on le veuille ou non, il est évident que les nouvelles technologies vont nous obliger à modifier notre politique de l’information, qui n’a pas subi de changement depuis des années. Leur introduction va entraîner une évolution vers une information de type plus libéral. On nous a dit maintes fois que cela risquait de nous mener à la décomposition, nos pays étant exposés d’un côté à la pression du colonialisme (ancien et nouveau) et de l’autre à des facteurs d’aliénation et de déchirement interne. […] Mais il faut bien finir par admettre qu’avec la diffusion spatiale, le statu quo, du moins pour la télévision, n’a aucune chance de se maintenir. Hamdy Kandil « Les nouveaux médias et la programmation télévisée arabe », Revue de l’Occident musulman et de la Méditerranée, n° 47, 1er trimestre 1988, p. 80