Le Manuscrit trouvé à Saragosse (1804, 1810) de Jean Potocki regorge de références à l’histoire de l’art. Ces allusions offrent évidemment l’occasion à l’auteur polonais de faire valoir l’étendue d’une culture visuelle considérable. Mais elles lui permettent surtout, en construisant un univers visuel et onirique inédit, de servir les ambitions d’un projet poétique. En citant les œuvres de Raphaël et de Michel-Ange, les noms de Pacheco et de Velázquez, Potocki ne fait pas œuvre d’historien mais de mythographe qui, revisitant le monde de l’art ancien en fonction de situations et de personnages qu’il a lui-même imaginés, offre moins une fête pour l’œil qu’une célébration de la langue elle-même