Passeurs et intermédiaires de Schnitzler en France : essai d’une typologie des agents du transfert

On peut estimer que les traducteurs et « agents littéraires » jouent un rôle décisif pour l’accueil d’un écrivain et de son œuvre à l’étranger et dans une langue étrangère. L’accueil réservé à l’œuvre d’Arthur Schnitzler dans le champ littéraire français constitue un cas intéressant, voire paradigmatique et permet de distinguer différents types d’intermédiaires, de montrer des cas de figure qu’il est sans doute possible de généraliser. Se basant sur les travaux et les propositions méthodologiques de Blaise Wilfert (notamment : « Cosmopolis et L’Homme invisible. Les importateurs de littérature étrangère en France, 1885-1914 », in Actes de la recherche en sciences sociales, n°144, septembre 2002 et « Des bâtisseurs de frontières. Traduction et nationalisme culturel en France, 1880-1930 », in Chr. Lombez et R. von Kulessa (éds.) : De la traduction et des transferts culturels, Paris, L’Harmattan, 2007), cet article propose une analyse de l’action de différents traducteurs (Maurice Rémon, Suzanne Clauser, alias Dominique Auclères) et d’un agent littéraire, Stéphane Epstein, qui a œuvré pour le compte d’Arthur Schnitzler entre 1904 et 1908. Il évoque les relations souvent problématiques entre auteur et intermédiaire et les conditions dans lesquelles des agents du transfert culturel sont amenés à faire office. Leur concours dans la circulation des œuvres et des idées se révèle hautement précieux, mais reste encore trop souvent mal éclairé.One can suggest that translators and other literary agents play a decisive role in the recognition of a writer abroad, and in a foreign language. The recognition of the work of Arthur Schnitzler in French literary circles is a specially interesting instance, since it offers a paradigm enabling us to distinguish different types of intermediary, providing in effect a test from which one can make reliable generalizations. Basing itself on the work and the methodological propositions of Blaise Wilfert (especially “Cosmopolis and the invisible man: importers of foreign literature in France, 1885-1914”, in Actes de la recherche en sciences sociales, n°144, September 2002 and “Builders of borders. Translation and cultural nationalism in France, 1880-1930”, in Chr. Lombez and R. von Kulessa (eds), On Translation and Cultural Transfer, Paris, L’Harmattan, 2007) this article proposes an analysis of the intervention of different translators (Maurice Remon, Suzanne Clauser, alias Dominique Auclères) and one literary agent, Stéphane Epstein, who worked on Arthur Schnitzler’s behalf between 1904 and 1908. It deals with the often problematic relations between author and intermediary, and the specific conditions in which cultural middle-men practise their profession. Their contribution to the circulation of works and ideas is especially valuable, but only too often we know very little about it. (Traduction anglaise : Damian Grant).Übersezter und literarische Agenten spielen für die Aufnahme eines Schriftstellers und seines Werkes in einem fremden Sprach- und Kulturraum eine entscheidende Rolle. Die Rezeption der Werke von Arthur Schnitzler in Frankreich erweist sich in dieser Hinsicht als paradigmatischer Fall und erlaubt die Unterscheidung verschiedener Typen von Vermittlern, die sich vermutlich verallgemeinern lassen. Auf der Basis des methodologischen Ansatzes von Blaise Wilfert (siehe vor allem : « Cosmopolis et L’Homme invisible. Les importateurs de littérature étrangère en France, 1885-1914 », in Actes de la recherche en sciences sociales, no. 144, septembre 2002 et « Des bâtisseurs de frontières. Traduction et nationalisme culturel en France, 1880-1930 », in Chr. Lombez et R. von Kulessa (éds.) : De la traduction et des transferts culturels, Paris, L’Harmattan, 2007), analysiert dieser Artikel die Arbeit von Übersetzern (Maurice Rémon, Suzanne Clauser, alias Dominique Auclères), die im literarischen Feld Frankreichs ganz unterschiedliche Positionen innehaben, sowie die eines Literaturagenten, Stephan Epstein, der zwischen 1904 und 1908 Schnitzlers Interessen in Frankreich vertreten hat. Er macht so die oft problematischen Beziehungen zwischen Autor und Vermittler ebenso deutlich wie die Bedingungen, unter denen die Vermittler ihre Arbeit machen. Deren Anteil am Austausch von Werken und Ideen erweist sich als ebenso wertvoll wie noch zu wenig beachtet