Poète de la nature, provincial ayant connu tardivement la capitale chilienne, Neruda a très peu fréquenté le thème de la ville. C’est lors de son séjour en Orient, entre 1927 et 1932, que le motif fait irruption dans son œuvre comme territoire étrange et étranger. Dans quelques textes en prose de Residencia en la tierra, la fonction de la ville est analysée comme décor labyrinthique, chaotique et violent qui fait écho à la souffrance d’un moi errant. Dans le poème « Entierro en el este », l’espace urbain fusionne avec le fleuve dont les eaux donnent à la fois la vie et la mort. Dans d’autres poèmes, la ville n’apparaît plus qu’indissolublement liée à l’activité humaine marquée par les signes de l’artifice et de l’illusion. Cette vision plut...