« I bronzi che non servono a nulla » : circuit et recyclage du bronze à Rome de Sixte Quint à Urbain VIII

À partir du pontificat de Sixte Quint (1585-1590), et jusqu’à celui d’Urbain VIII (1623-1644), on observe à Rome une vague ininterrompue de grandes commandes d’œuvres de bronze, sous la forme de décors monumentaux et de statues colossales, qui visaient, dans le climat politique consécutif à la Réforme catholique, à exalter la gloire de Rome et de l’Église par le langage de la splendeur. Pour satisfaire les lourds besoins en métal nécessaire à l’exécution de ces travaux et économiser temps et argent, les papes eurent massivement recours au recyclage de pièces de bronze, parfois anciennes, antiques ou médiévales, qui prirent ainsi le chemin de la fonderie. À partir des archives des principaux chantiers du temps, l’article explore les différentes modalités de la récupération et du recyclage des « bronzes qui ne servent à rien », au sein du circuit plus ample des matériaux et de leur remploi.From the pontificate of Sixtus V (1585-1590) to Urban VIII’s (1623-1644), series of important bronze works such as architectural settings and colossal statues were commissioned in Rome to glorify, in the political context of the catholic Reformation, the capital of Christendom and the Church. To satisfy the huge needs of bronze required by these projects, and in order to save time and money, the popes were often lead to reuse metal, sometimes antique or medieval bronzes, which were brought to the foundry. From the archival documentation of the main building sites of the period, the article examines the different ways of recycling « useless bronzes », in a larger circuit of materials and reusing