Une esthétique du fétiche

La dénomination « fétiche » prise dans une acception stylistique permet de désigner une catégorie d’objets formés d’éléments hétérogènes possédant des qualités formelles et matérielles jouant en différence. De ce point de vue, le style fétiche concerne une famille de formes dépassant le contexte africain. Les Bwaba utilisent ce type d’objet (nazii) dans un culte clanique afin de synthétiser, par ses différents composants, l’histoire du groupe. Le nazii comprend un noyau, réunissant les éléments représentant les êtres mythiques rencontrés lors de la fondation du clan, autour duquel sont enroulées des peaux de chiens sacrifiés lors d’événements particuliers advenus au groupe. Par le rituel sacrificiel, l’objet devient le témoin plastique de la succession historique de ces événements : ce processus s’exprime au travers d’une esthétique du non-fini, de l’inachevé.Fetish, in a stylistic acceptation, can be used to denote a category of objects made up of diverse elements with formal and material qualities that contrast. In this way, the « fetish style » concerns a family of forms not limited to Africa. In clan cults, the Bwaba use such objects (nazii) that, through their various constituents, summarize the group’s history. Around the nazii’s center, made up of constituents representing mythical beings who were met when the clan was founded, are rolled the skins of dogs sacrificed on special occasions. Through the sacrificial ritual, such objects become the material evidence of succeeding historical events: this process is expressed through the aesthetics of what is unfinished or unaccomplished