Repression and Expression of S exuality in Thomas Hardy’s Tess of the d’Urbervilles: the Paradox and Virtue of Censorship

Throughout his novelistic career, Thomas Hardy had to face various forms of censorship, to such an extent that one can wonder if they did not contribute to his giving up writing fiction. However, censorship is a complex and ambiguous phenomenon. If there was censorship in literature during the Victorian period, it was mainly more the effect of pervading Puritanism, voiced by leagues of virtue or carried out by editors and publishers, than the result of legal machinery. Literature was only indirectly affected by censorship: editors ensured that ‘morality’ and the sensibility of ‘fragile’ readers were respected. Indeed in the 19th century many novels were published serially in magazines aimed at families, women and children. On the other hand, the strategies devised by authors to circumvent censorship were often aesthetically fruitful. One could even wonder whether, paradoxically, Victorian censorship did not favour the expression of the ‘forbidden’ rather than its repression, whether it did not reveal more than it tried to conceal. This paper will analyse all these issues through the question of sexuality in Tess of the d’Urbervilles, one of Hardy’s last novels that was given a particularly rough ride by publishers.Tout au long de sa carrière romanesque, Thomas Hardy fut confronté à diverses formes de censure, au point où l’on peut se demander si elles ne contribuèrent pas à lui faire renoncer à l’écriture fictionnelle. La censure est toutefois un phénomène ambigu et complexe. S’il y eut censure dans la littérature à l’époque victorienne, ce fut principalement davantage l’effet d’un puritanisme ambiant exprimé par les ligues de vertu ou exercées par les éditeurs que le résultat de mécanismes légaux. La littérature ne fut qu’indirectement affectée par la censure : les éditeurs s’assuraient que la « moralité » et la sensibilité des lecteurs « fragiles » étaient respectées. En effet, au xixe siècle, beaucoup de romans étaient publiés sous la forme de feuilletons dans des magazines lus par les familles, les femmes et les enfants. D’un autre côté, les stratégies mises au point pour contourner la censure furent souvent esthétiquement fructueuses. On pourrait même se demander si, paradoxalement, la période victorienne ne favorisa pas l’expression de « l’interdit » plutôt que sa répression, si elle ne révéla pas plus qu’elle ne dissimula. Cet article analyse tous ces aspects à travers la question de la sexualité dans Tess of the d’Urbervilles, un des romans de Hardy qui fut particulièrement malmené par la plume éditoriale