La réception du roman sentimental dans la presse et les ouvrages de critique littéraire

Les discours critiques sur la littérature véhiculent une représentation différenciée de l’écriture des hommes et des femmes, reposant sur les stéréotypes de genre. Ainsi, le roman – et en particulier le roman sentimental – est considéré comme un domaine spécifiquement dédié aux femmes surtout à partir de la fin du XVIIIe siècle. En effet, à cette époque, les femmes sont de plus en plus nombreuses à accéder à la lecture et l’écriture et à investir la scène publique qui était jusqu’alors majoritairement réservée aux hommes. Sous la Restauration en particulier, le nombre des romancières et celui de leurs œuvres s’accroissent. Pourtant, la postérité ne retient que peu de noms parmi ces femmes qui ont connu un grand succès en leur temps. Elle associe leur production à un roman de grande diffusion et de faible qualité, moins digne d’intérêt que le roman réaliste qui émerge vers 1830 sous la plume de romanciers tels que Balzac ou Stendhal. Cet article se propose d’interroger cette réception du roman sentimental dans les discours diffusés par la presse et les ouvrages de critique littéraire. Il s’agit, à cette fin, de confronter la représentation actuelle à celle du XIXe siècle et à la réalité du champ littéraire de cette époque de manière à reconsidérer la contribution des femmes et des hommes à l’évolution du roman et à mesurer, au sein de l’histoire littéraire, l’influence des rapports de genre.The critic discourses on literary give a separated representation of men and women writing, which refers to gender stereotypes. Novel, for instance, – and particularly sentimental novel – is considered as a feminine field especially from the end of the XVIIIth century. Indeed, from this era, women had access to reading and writing on a much broader scale, and they began to take over the public scene, which was until then mainly reserved to men. Under the Restoration particularly, the number of women novelists increased. Despite their success at their time, few of these women are known nowadays. Their production is associated with popular genre of novel and lowbrow culture, contrasting with the appraised realist novel of masculine novelists like Balzac or Stendhal. The present work explores the sentimental novel reception in the press and the discourses of literary reviews. It confronts the contemporary representation to the XIXth century representation and to the realities of the literary field. This work aims at reconsidering to what extent women and men contributed to the evolution of the novel, and at measuring, within the literary history, the influence of gender relations