La question des implantations grecques et des contacts précoloniaux en Italie du Sud : entre emporia et apoikiai

Cette intervention insiste sur l’analyse des structures de contact et d’échange afin de reposer la question de la colonisation grecque de manière originale, en relation avec une étude sur la nature des premières présences grecques en Italie méridionale et sur l’organisation des territoires de la part des autochtones. C’est dans ce contexte qu’on peut intégrer l’expérience pithécusaine ou essayer de comprendre les quelques exemples évoqués ici, parmi d’autres, tels que les établissements de Francavilla Marittima ou de l’Incoronata.Si les deux termes conventionnellement utilisés, pré- et proto-colonisation, ne sont pas les plus adéquats – par leur perspective téléologique – il faut insister sur l’importance historique de ce moment précis de la présence grecque en Occident. Il est évident que ce schéma explicatif doit être nuancé et revu, notamment à la lumière de la diversité des réactions indigènes et de la durée variée des processus d’appropriation territoriale de la part des Grecs.Malgré toutes les lacunes et la multiplicité d’interprétations et de discussions, c’est dans une perspective historique que nous essayons, dans le cadre de cette contribution, de préciser la chronologie, d’évaluer l’importance de ces premiers contacts et, au-delà, de comprendre, au moins partiellement, l’impact historique d’un phénomène qui apparaît, depuis sa genèse, particulièrement complexe et varié.La distinction entre une phase précoloniale et une phase coloniale demeure pertinente. Cette dernière situation entraîne en effet une configuration particulière. Car il ne fait plus aucun doute que la fondation des colonies agraires amène une rupture radicale avec la situation précoloniale : l’équilibre précédent la colonisation, lié à l’existence de réseaux d’échange et à la cohabitation éventuelle entre Grecs et indigènes, est rompu par la fondation des nouvelles apoikiai. L’apoikia crée alors une nouvelle organisation territoriale, qui ne prévoit pas la gestion commune des territoires : les fondations proprement coloniales mobilisent d’autres groupes de Grecs dont la motivation première est désormais la terre.This intervention dwells on the analysis of the structures of contact and exchange in order to restate afresh in an original way the question of Greek colonization, in connection with a study on the nature of the first Greek settlements in southern Italy and on the organization of the territories by the natives.It is within this context that the pithecusan experiment can be interpreted and that the few examples among others here mentioned such as the settlement of Francavilla Marittima or of the Incoronata can be susceptible of explanation.If the two terms conventionally used, pre- and proto-colonization are not the most adequate – by reason of their teleological perspective- one must insist on the historical importance of that definite moment in the Greek presence in the West. For all the lacunae and the manifold interpretations and discussions, it is in an historical perspective that we try, within the framework of this contribution, to define the chronology, to evaluate the importance of the first contacts and beyond that, to understand, at least partially, the historic impact of a phenomenon which ever since its genesis, appears to be particularly complex and varied.The distinction between a pre-colonial phase and a colonial phase remains pertinent. As a matter of fact, the latter situation entails a particular configuration. For there is no longer any doubt that the foundation of agrarian settlements brings about a radical rift with the pre-colonial situation : the balance preceding the colonization, linked as it was to existing networks of exchange and to a possible cohabitation between Greeks and natives, is broken by the foundation of new apoikiai. The apoikia then creates a new organization of the territory which does not take into consideration a common management of the territories : the colonial foundations properly speaking mobilize other groups of Greeks whose primary concern is henceforward the earth