Michel Foucault et les cachots conceptuels de l’incarcération : une évasion cognitive est-elle possible ?

Lourdement critiquée dès sa naissance au milieu du XVIIIe siècle, la prison, comme peine de référence du droit criminel, se maintient malgré tout. À cet effet, les thèses développées par Foucault dans Surveiller et Punir auront reconnu l’influence d’un discours disciplinaire et problématisé, sous forme de fonction « latente », la gestion différentielle des illégalismes de classe. Au cœur d’un système de pensée « carcéralisant », ces éléments, sans doute constitutifs du problème, cachent cependant d’autres réalités cognitives faisant obstacle à la valorisation des sanctions alternatives. En les rendant plus visibles, en les distinguant comme « cachots conceptuels », le droit, tout comme les observateurs du droit, pourraient à cet égard favoriser une éventuelle évasion cognitive. C’est dans cette perspective que nous devons concevoir la contribution visée par cet article.In spite of having been fiercely criticised since its birth in the middle of the 18th century, the prison has been reproducing itself as the criminal justice system’s main reference in terms of punishment. To that effect, the theses developed by Foucault in Discipline and Punish underline the influence of the disciplines as a general discourse and problematize the differential management of class illegalisms as one of prison’s “latent” functions. At the heart of a “carceralizing” system of thought, theses aspects can undoubtedly be considered part of the problem, but by focussing strictly on them one overlooks other important cognitive realities and their effects on the difficult institutionalisation of alternative sanctions. In this regard, it is here argued that by making them more visible, by distinguishing them as “conceptual dungeons”, the legal system and its observers could possibly favor a cognitive escape. Contributing to the actualisation of such a possibility is thus the main objective of this article