Disturbing Epiphany: Rereading Virginia Woolf’s ‘Moments of Being’

Cette étude interroge l’usage de l’étiquette « épiphanie » dans la lecture critique des textes modernistes à travers une relecture des « moments d’être » qui jouent un rôle central dans l’esthétique romanesque de Virginia Woolf. Cette lecture accorde une attention particulière au pathos intrinsèque à ces expériences, car le « choc » qui leur est constitutif brise les apparences normées du monde et l’intégrité du sujet, et fragmente l’unité du moment présent. Les « moments d’être » passent donc par une mise en forme créative dans une temporalité de l’après-coup, de la reprise, et du rythme, où le passé peut faire retour. Les « moments d’être » woolfiens résistent ainsi à une lecture apolitique ou anhistorique qui accorderait un statut autonome à l’art, car ils perturbent le sujet et la perception ainsi que leurs déterminations sociopolitiques.This article calls into question the critical use of the label ‘epiphany’ as it has been applied to modernist texts. It does so through a reading of the ‘moments of being’ central to Virginia Woolf’s aesthetic project. This reading accords attention to the pathos involved in these ‘moments’, for their affective charge fractures standardised appearances, subjective integrity and the unity of the present. Such experiences thereby call for creative representation in a temporality that involves after-effects, repetition and rhythmical pattern, and allows for the resurgence of the past. Woolf’s ‘moments of being’ thereby resist a-historical and apolitical readings that accord an autonomous status to art, for they disturb subjective consciousness, perception and their socio-political determinations