Les libertinages de Beata Julia

On ne saura jamais si Louis Machon a écrit ou recopié l’historiette de Beata Julia qui occupe deux pages de la deuxième partie au chapitre 7 de son Apologie de Machiavel. L’héroïne, une tertiaire franciscaine de Naples, a été condamnée à la prison à vie par le Saint-Office en 1615 pour sainteté simulée et libertinage moral. Machon se sert de cette affaire pour construire ensemble libertinage moral et athéisme libertin qui mêlent l’imposture, la dépravation sexuelle et une théologie subversive. Tout le sel de l’historiette repose sur la fabrication d’un pastiche libertin qui fait passer les idées et les énoncés d’une littérature irréligieuse dans les discours d’une fausse religieuse. On verra que le cas est pour Machon un bon exemple du pouvoir de l’imposture et l’occasion de mettre en place avec le lecteur un humour tout à fait exceptionnel.It is impossible to know if Louis Machon wrote, or rewrote, the Beata Julia historiette that occupies two pages of chapter 7 in the second part of his Apologie de Machiavel. In 1615, the heroine, a Franciscan tertiary from Naples, was condemned by the Holy Office to a life-sentence in prison for false sainthood and moral libertinism. Machon uses this affair to construct, in unison, a moral and an atheist libertinism that combines duplicity, sexual depravation and subversive theology. The most interesting elements of the historiette lie in the fabrication of a libertine pastiche in which a fake nun passes, through her discourse, ideas and thoughts derived from blasphemous literature. We can thus see that for Machon, the case of Beata Julia is at once a good example of the power of duplicity and an opportunity to establish, in tandem with the reader, an all-together extraordinary humor