Éléments pour une théorie biologique du sujet

Plusieurs approches sont proposées pour appréhender le sujet humain dans sa nature intrinsèquement biologique. Nature qu’il partage, par nombre d’aspects, avec de nombreux autres organismes vivants, mais que l’on analysera ici dans sa singularité: son humaine condition. La première approche porte sur la nature ontologique du sujet en tant qu’être biologique. Matériellement impermanent, lent avatar de lui-même mais pensant et disant toujours « je », le sujet au cours du temps se réalise par l’individuation. Si contraintes biologiques et contingence opèrent dans l’évolution du vivant, suivant la théorie de l’évolution des espèces, un parallèle est proposé dans la deuxième partie avec le sujet en tant qu’individu, où les contraintes structurant l’identité du sujet et les hasards de la vie façonnent son existence et sa personnalité. La question du libre-arbitre est alors discutée dans la mesure où pensées et actions du sujet, même dans un processus dynamique rationnel et réflexif, peuvent émaner aussi d’interactions inconscientes avec le monde. Ainsi la troisième approche évoque ce que le sujet peut saisir du monde, sans qu’il le sache, par ses organes sensoriels et ses émotions et qui pourrait influencer ses comportements, ses choix. Enfin, nous terminerons par une interrogation: que deviennent toutes théories du sujet, telles celles proposées dans cette revue, lorsqu’elles s’adressent, non à l’homme actuel, mais à des hommes dits « augmentés », dans une société transhumaniste, où les caractéristiques biologiques, physiques, cognitives, émotionnelles, sont considérablement modifiées par la biologie synthétique et les nanotechnologies ?Several approaches are proposed in the attempt of understanding the human subject in its intrinsic biological nature. A character shared by many aspects with a lot of other living organisms which will be analysed here through the peculiarity of the human specificity. The first approach is about the ontological nature of the body-subject. Materially impermanent, a slow self-incarnation but thinking and saying always “I”, the body-subject in the course of time is fulfilling himself through the individuation. Second, according to the theory of the evolution of species, if biological constraints and contingency are operating during the evolution of the living, a parallel is drawn with the individual-subject where subject structuring constraints and chance during life are moulding his existence and personality. The question of the free will is then discussed in so far as the thought and actions of the subject, even within a rational process, could also be emanating from unconscious interactions with the world. Indeed, the third approach focuses to a part of the world, which is captured by the subject, without any knowing, through his sensitive organs or his emotions, which could feed his behaviours and decisions. Finally, we end by an interrogation: how is any theory of the subject, especially those developed in this particular issue of this journal, getting on when it is applied not to the current man but to the so-called “enhanced human”, in a transhumanist society, where biological, physical, cognitive, emotional characteristics are hugely modified by the synthetic biology and the nanotechnologies