Heurs et malheurs des voyages maritimes sur la route des Indes orientales au XVIIIe siècle

La route entre l’Europe et l’Asie orientale par le cap de Bonne-Espérance est la plus longue, en distance et en temps (huit mois pour un trajet), de celles parcourues régulièrement par les navigateurs du xviiie siècle. Elle est dans la dépendance étroite du calendrier des vents de la mousson, qui imposent de traverser l’Atlantique à une période peu favorable pour la navigation. Elle est dangereuse ; les accidents de navigation tels les bris de mâts ou les ruptures de gouvernails sont fréquents, et les naufrages en grand nombre, particulièrement sur les littoraux de l’Europe, de l’Asie et des Mascareignes. La mortalité à bord est élevée, en particulier à cause de la propagation du scorbut, maladie provoquée par une avitaminose. Cependant les médecins de la seconde moitié du xviiie siècle trouvent le moyen d’y remédier en prescrivant un régime alimentaire approprié. Malgré ces difficultés, le nombre des Européens désireux de parcourir la route des Indes orientales ne cesse d’augmenter ; c’est qu’ils ont l’espoir d’y faire fortune, en utilisant parfois des procédés à la limite de la légalité.The route between Europe and eastern Asia via Cape Hope is the longest – in both distance and time (eight months per journey) – of those undertaken regularly by 18th-century navigators. It depended heavily on the calendar of the monsoon winds that compelled them to cross the Atlantic at an awkward time for navigation. The voyage was hazardous; accidents such as the breaking of masts or the rupture of rudders were common and there were numerous shipwrecks especially along the coasts of Europe; Asia and the Mascarenhas Archipelago. Mortality onboard was high, in particular because of the spread of scurvy, an illness caused by avitaminosis. Yet during the second half of the 18th century, doctors found a remedy by prescribing an appropriate diet. Despite these difficulties, the number of Europeans who wished to undertake the voyage to the East Indies was in constant increase; they hoped to make a fortune by using methods that were on the fringes of legality