L'à-dire et le temps du silence : pour une linguistique de la parole productrice

L'objet du propos est de préciser le champ d'intervention de la linguistique praxématique comme "linguistique de la parole".L’examen de la reconduction par la grammaire générative de la dichotomie saussurienne de la langue et de la parole donne à comprendre la nature du bouclage théorique qui maintient la réflexion dans l’idéologie linguistique héritée de la tradition grammaticale. La sémantique structurale pour sa part, après avoir posé le principe d’une production du sens, lui substitue à travers sa conception de l'immanence et de la manifestation une structuration de paradigme renvoyant à un niveau transcendantal de la langue.Avec la linguistique pragmatique le langage, devenu "faire" d'un sujet, relève d'un modèle plus réaliste qui intègre des caractéristiques auparavant écartées. Mais dans la mesure où la démarche ainsi initiée n'est pas poussée à son terme, elle se trouve menacée de s'enfermer à nouveau dans le cadre classique de la langue-système.La reprise du concept d'actualisation replacé dans le concret du temps opératif guillaumien permet de penser un domaine du travail du sens par lequel le virtuel passe à l'actuel. L'étude dans le langage vivant, dans la parole, des irrégularités des programmes de sens qu'induisent les situations de conflit, s'offre comme une voie privilégiée pour l'investigation de ce lieu