Des souks ruraux aux entrepôts de Casablanca.La mondialisation jusqu’au cœur du Moyen Atlas

Cette contribution est le fruit d’une enquête exploratoire menée en 2011 au Maroc, dans les souks ruraux du Moyen Atlas et dans la ville de Casablanca. Les étals des souks ruraux présentent des articles provenant de différents endroits du monde qui côtoient les produits nationaux et locaux. Les connexions inter-régionales, tout comme les déplacements réguliers des commerçants, ont favorisé le renforcement de l’urbanité des campagnes en mettant à la disposition de leurs habitants des produits urbains de plus en plus diversifiés et accessibles. Le souk conserve son architecture ancienne, mais la nature même de ses échanges marque son paysage. Depuis quelques décennies déjà, le souk se présente comme une des interfaces de la mondialisation. À partir des mobilités des « fourmis commerçantes », nous avons appréhendé le souk à travers ses connexions. Les principales sources d’approvisionnement se trouvent dans la partie nord du pays, dont la ville de Casablanca, laquelle compte désormais avec la présence de commerçants chinois. Les circuits de l’approvisionnement laissent apparaître, à travers le rôle essentiel que jouent les enclaves espagnoles, une hiérarchie de lieux connectés, articulés les uns aux autres, et aux fonctions distinctes. Ces places marchandes ne représentent que l’échelle régionale d’un commerce transnational d’ampleur mondiale.This article is the result of an exploratory survey undertaken in Morocco in 2011, in the rural bazaars (souks) of the Middle Atlas region and in the city of Casablanca. The traders’ stands in rural bazaars display globalised merchandise along with national and local products. The inter-regional connections and regular travels of traders have brought urban culture to the countryside by making available urban products that are more and more diversified and accessible. The bazaars still have their traditional architecture but the very nature of the trading that goes on there has changed the landscape. The bazaars have been one of the interfaces of the globalisation process for a few decades already. We studied the mobility of “ant-like” traders to grasp the bazaar as an entity through its connections. The main sources of supply are in the northern part of the country, including the city of Casablanca which now features Chinese traders as well. The supply circuits reveal, through the essential role played by the Spanish enclaves, a hierarchy of connected places, all linked together and having separate functions. These trading markets are only the regional expression of trans-national global trade