Le Madrid des originesou comment le mythe récrit l’Histoire

Contrairement à ses rivales des deux Castilles et du reste du Royaume, Madrid, devenu capitale de l’Espagne en 1561 par la volonté de Philippe II, ne jouissait d’aucune ancienneté prestigieuse attestée, pas même d’une véritable présence romaine. En fait Madrid est né à l’Histoire à la fin du IXe siècle sur décision de l’émir cordouan Mohammed Ier désireux d’établir un fortin sur le contrefort de la Meseta pour surveiller les mouvements des troupes chrétiennes dans leurs tentatives de reconquête. C’est dire si ces origines malencontreuses juraient avec l’affirmation de la Monarchie catholique chère à Philippe II et à ses successeurs de la Maison d’Autriche, bras armé de la chrétienté contre les protestants mais aussi contre les juifs et les musulmans. Qu’à cela ne tienne ! En revisitant et en manipulant des bribes d’Histoire et d’archéologie, les chroniqueurs du XVIIe siècle s’évertuèrent à forger des origines prestigieuses pour la capitale espagnole. Or, ce qui est le plus surprenant c’est que ce penchant pour le merveilleux et le mythe ne s’est pas éteint au Siècle des Lumières et que, çà et là, on en retrouve encore quelques traces dans la période récente.A diferencia de sus rivales de las dos Castillas y del resto del Reino, Madrid, nombrada capital de España en 1561 por decisión de Felipe II, no gozaba de ningún tipo de antigüedad prestigiosa, ni siquiera una reconocida presencia romana. En realidad, Madrid salió del anonimato a finales del siglo IX por voluntad del emir cordobés Mohammed I° que deseaba edificar un fortín –hisn- en las estribaciones de la Meseta con el fin de vigilar los movimientos de las huestes cristianas en sus intentos de reconquista. Así esos desdichados orígenes desentonaban con la exaltación de la Monarquía católica tan deseada por Felipe II y sus sucesores de la Casa de Austria, brazo armado de la Cristiandad contra los protestantes y también contra los judíos y los musulmanes. ¡Pero para todo hay remedio! Así, revisitando y manipulando retazos de historia y de arqueología, los cronistas del siglo XVII se esforzaron por inventar orígenes prestigiosos para la Corte de España. Pero lo más sorprendente es que aquella inclinación hacia lo maravilloso y lo mítico no se apagó con el Siglo de Oro y que hasta en la actualidad se siguen encontrando huellas de dicha inclinación