Soi personnel et soi collectif : les sources d’un malentendu

La théorie de l’identité sociale, une contribution majeure de la psychologie sociale à l’étude de la différenciation intergroupes, souffre d’un manque de prise en considération des hiérarchies sociales dans lesquelles sont insérés les groupes sociaux. Une récente série d’études de terrain et expérimentales illustre pourtant la nécessité de la prise en compte de ces hiérarchies pour comprendre la multiplicité des formes de l’identification sociale. Les résultats de ces études montrent que les membres des groupes de haut statut social expriment une préférence pour l’unicité personnelle, tandis que les membres des groupes de bas statut se tournent davantage vers l’assimilation à leur groupe et l’identité collective. Ces tendances conduisent à une reconceptualisation de la notion de groupe social.In this article, I claim that social identity theory, a founding contribution to the social-psychological study of intergroup differentiation, has suffered from a lack of consideration of notions pertaining to the hierarchical arrangement of groups in the society (social status, power, and domination). The major role of social hierarchies in accounting for social identification is then illustrated by a series of recent experimental and field studies. The findings from this research highlight the complexity of social identifications. They show that members of the high-status group emphasize identifications at the personal level, whereas members of the low-status group emphasize more collective and depersonalized identifications. These tendencies lead to a broader conceptualization of the notion of social group