Rire du passé, précisément parce qu’il est passé, ne va pas de soi : à partir de l’Histoire de la sainte Russie (1854) de Gustave Doré, l’article se propose de montrer et de démonter les ambiguïtés du rire de l’Histoire. En l’occurrence, non seulement Doré fait rire parce qu’il fait rire de la Russie, contre laquelle la France est alors en guerre, et même du Second Empire français, à travers la satire des tsars russes, mais, surtout, son rire géopolitique est parfaitement en phase avec les ambitions militaro-diplomatiques de Napoléon III et traduit donc l’engouement général pour l’Histoire qui caractérise la culture du Second Empire. Cependant, par-delà cette incontestable connivence idéologique, le rire de Doré atteint à une fantaisie prop...