Le portage entre la Saône et la Moselle dans l’Antiquité (ier-ive siècles)

À la période romaine, plusieurs itinéraires permettent de rejoindre le limes rhénan à partir de Lyon, reliant entre eux les grands bassins hydrographiques par le biais de portages dont on ne connaît pas toujours précisément les trajets. L'objectif de ce travail est de proposer des itinéraires de transfert entre le bassin de la Saône et celui de la Moselle. La technique d'investigation employée comprend deux aspects. Elle consiste d'abord à déterminer des points marquant le terminus de la navigation sur les rivières concernées. En l'absence de données dans les textes antiques, les principales sources exploitées sont les travaux sur l'hydrologie actuelle et passée de la Saône et de la Moselle, les restes archéologiques et les textes modernes. On cherche ensuite à simuler des itinéraires entre les points proposés comme terminus : on peut alors distinguer deux types de trajets. D’une part un portage long, remontant la Via Agrippa depuis Chalon-sur-Sâone, d’autre part un portage court avec un départ très en amont sur la Sâone. Le portage court ne pouvait être emprunté qu'en saison favorable, tandis que le portage long était emprunté toute l'année. La modélisation du chemin de moindre coût entre les différents terminus permet d'apporter un éclairage nouveau sur les options possibles et les choix effectués par les transporteurs dans l'Antiquité. Il apparaît que l'itinéraire du portage dépendait non seulement des contraintes topographiques, fluviales et climatiques mais aussi des objectifs et des stratégies commerciales des marchands.During the Roman Period, one can join the Rhenan limes through several routes from Lyon. These routes connect various large drainage basins together thanks to portages of which we do not always know the exact path. The purpose of this paper is to propose possible routes of transfer between the Saône and the Moselle basins. The method of inquiry involves two aspects. First, we have to determine the main terminal-points of navigation on the two rivers. Due to the lack of data in ancient texts, the sources used are recent works on the hydrology of the Saône and Moselle rivers, archaeological remains and modern texts. Second, we simulate routes between the proposed terminal-points: we can then distinguish two kinds of paths. On the one hand, there was a long portage, taking the Via Agrippa from Chalon-sur-Saône, on the other hand, there was a short portage departing much more upstream on the Saône river. The short portage could only be taken when environmental conditions allowed, whereas the long one was passable all year long. The modeling of the path of least cost between the various terminal-points sheds new light on the various possible options and the choices the transporters made during ancient times. It appears that the route of the portage depended not only on the topographical, river and climate constraints but also on the objectives of the journey and the commercial strategies of the merchants