Faire du terrain dans l’Égypte révolutionnaire

Cet article se propose de mener une réflexion sur l’expérience de terrain de trois jeunes chercheurs – une urbaniste, un historien et un politiste – et sur la manière dont cette expérience a été affectée par la révolution égyptienne. Revenant sur l’évolution de leurs pratiques de recherche au cours de l’année 2011, ils s’interrogent sur le bouleversement tant de leurs terrains respectifs que de leur rapport aux dits terrains. Bien que leurs disciplines aient recours à des méthodes très différentes, que ce soit en termes de sources ou d’échelle d’analyse, l’événement révolutionnaire a produit chez eux des transformations méthodologiques similaires, la conduite de leurs recherches ayant convergé vers une approche plus « micro » des phénomènes analysés. Cette approche « par le bas » – qui invite à un croisement des dimensions temporelles, spatiales et politiques des objets étudiés – a ainsi confirmé sa pertinence dans l’analyse des rapports de force entre les différents secteurs de la société.This article offers a reflection of three young researchers – an urbanist, an historian and a political scientist – on the impact of the Egyptian revolution in carrying out their fieldwork research. Looking retrospectively at their research activities during a crucial year, 2011, they question not only the disruptive events taking place among the people they were studying, but also their own relationship with these people and their environment. Even though belonging to three very different fields of the social sciences, in terms of the material used and the scale of analysis, the revolutionary events led the three researchers to very similar methodological approaches, converging towards a more « micro » perspective on their respective topics. Finally, this « bottom-up » approach – which tends to cross over the temporal, spatial and political dimensions of the studied phenomena – proved to be very relevant in analyzing the dynamics of power among different sectors of society