L’événement en révolution

Le rapprochement de deux séquences de faits, l’une centrée sur les grandes manifestations du Caire entre le 30 juin et le 3 juillet 2013, l’autre sur les combats de rue dans la capitale syrienne entre le 13 et le 23 juillet 2012, montre toute l’importance de mettre en récit les événements. Ces derniers sont envisagés comme outil de compréhension et mode de construction des sciences sociales. Après avoir constaté l’omission de cette catégorie d’analyse dans les sciences sociales, nous nous proposons d’introduire la notion de durée dans l’événement pour saisir la manière dont à un certain moment, de multiples temporalités se croisent et interagissent les unes avec les autres. Les situations changent, les acteurs apparaissent et disparaissent, leurs perceptions se transforment tout aussi rapidement. Dans le contexte révolutionnaire caractérisé par ces bouleversements incessants, seul le récit de l’événement, c’est-à-dire sa description pour lui-même, peut permettre de restituer la complexité de la réalité dans une narration propre à montrer les enjeux qui s’y déroulent.By bringing together two sets of facts, namely both the mass protests which erupted in Cairo between 30 June and 3 July 2013 and fights which broke out in Damascus between 13 and 23 July 2012, this article sheds light on writing narratives of events. It is argued that events can be considered as a heuristic tool and a specific manner to construct social science. First, it is argued that this category has not received full attention in the social sciences, and then we are looking how to write narrative based on events. At a certain moment, several temporalities are brought together in a specific situation and demonstrate a complex interplay. As situations move quickly, actors emerge and disappear, perceptions are constantly changing. In the context of revolution, which is characterized by a high level of change, it is concluded that only narratives of the event that describe the event for itself, ultimately provide access to the complexity of social reality