« Renouvelez-vous pour moi, moments tranquilles de ma douce adolescence ! » Sur les moments d’otium dans la Révolution française

Peut-on parler d’otium au moment et à propos de la Révolution française ? C’est la question que soulève cet article. En s’appuyant sur plusieurs exemples littéraires contemporains de cette période mouvementée — parmi lesquels Les Nuits révolutionnaires de Rétif de la Bretonne —, cette étude met en évidence l’impact que la dynamique révolutionnaire a eu sur les auteurs et sur leurs œuvres. La lecture des écrits autobiographiques nés sous la Révolution révèle que désormais seul l’acte d’écriture parvient à créer des moments propices à l’otium, tout éphémères qu’ils soient. Il s’agit toutefois d’un otium bien particulier et fragile, comme semblent le confesser les Mémoires de Manon Roland et de Jean-François Marmontel. Rien n’échappe au tourbillon révolutionnaire, pas même l’écriture que les mémorialistes finissent par vivre comme un mouvement qui évolue selon ses propres lois.Can we speak of otium at the moment of and with regard to the French Revolution? That is the question raised by this article. Drawing upon several contemporary literary examples of this turbulent period—Les Nuits révolutionnaires by Rétif de la Bretonne among others—, this study highlights the impact of the revolutionary dynamic on the authors and their works. A reading of the autobiographical works authored under the Revolution reveals that, at that moment in time, alone the act of writing succeeds in creating moments favourable to otium, as ephemeral as they may be. The otium in question is, nonetheless, quite particular and fragile, as the Mémoires of Manon Roland and of Jean-François Marmontel seemingly avow. Nothing escapes the revolutionary whirlwind, not even writing, which the authors ultimately experience as a movement evolving in accordance with its own laws