Dickens in Arabia: Going Astray in Tripoli

This article explores the post-colonial ironies and complexities of teaching the novels of Charles Dickens in the north Lebanese city of Tripoli during a teaching assignment between the years 2007–2011. The starting point of the article is an engagement with Dickens’s reception among Lebanese students, accounting for the enthusiasm with which the students embraced his novels, particularly Oliver Twist. The undergraduates, who were bi- or trilingual, claimed the novelist spoke directly to them, despite the fact that he wrote in English and was concerned with existence over 150 years ago. Anecdotal discussion and interview material is brought to bear in an assessment of the affinities Dickens’s style might have with current popular aesthetic modes and political discourse in Lebanon, particularly his use of sentimentality and the melodramatic mode. The article then moves into an exploration of the aesthetics of reading Dickens. If one puts to one side historical and geographical differences, this paper asks, can one learn anything about life in an Arab city like Tripoli, through an engagement with Dickens’s fictional London wanderings? Can one walk in a foreign city and experience it through the textual lens of Dickens’s urban sensibility? Did Dickens see poverty like Tripoli’s in London in the mid-nineteenth century? Is poverty, seen in this phenomenological light, somehow universal? What light does this throw upon Dickens’s representations and the students’ reaction to it? Taking, finally, a post-colonial critical position, the article asks what, in this post-colonial age, can be said about Dickens’s relationship to cultures of the Middle East? Is it merely ‘orientalist’ to teach Dickens, to see the experience of the city of Tripoli as connected to a reading of Dickens? Was Dickens himself, who lived and worked at the heart of the British Empire, inextricably caught up, physically and imaginatively, with the Orient?Cet article évoque des cours portant sur l’œuvre romanesque de Dickens, donnés entre 2007 et 2011 à Tripoli, ville du nord du Liban, et les ironies post-coloniales et autres complexités ainsi engendrées. Pour commencer, l’article retrace la façon dont les étudiants libanais ont répondu à cet enseignement, et explique leur enthousiasme pour les romans de Dickens, Oliver Twist en particulier. Les étudiants de premier cycle universitaire, bi-, voire tri-lingues, disent avoir eu l’impression que, tout en écrivant en anglais et à plus de 150 ans d’intervalle, le romancier s’adressait directement à eux. Grâce à des anecdotes commentées et des entrevues, on évalue ici les affinités possibles entre le style de Dickens (et notamment son recours au sentimental et au mode du mélodrame) et les courants esthétiques et discours politiques actuels au Liban. Cet article analyse ensuite l’esthétique présidant à la lecture de Dickens. Si l’on fait abstraction des différences historico-géographiques, la lecture des promenades dans le Londres des romans dickensiens nous apprend-elle quoi que ce soit sur la vie dans une ville arabe comme Tripoli? Est-il possible de se promener dans une ville à l’étranger et de la ressentir par le truchement de la sensibilité urbaine qu’exprime Dickens dans ses textes ? Dickens a-t-il vu une misère semblable à celle de Tripoli dans le Londres du milieu du dix-neuvième siècle? Considérée d’un point de vue phénoménologique, la misère se donne-t-elle à voir comme universelle ? En quoi, dans ce cas, les représentations de Dickens et les réactions des étudiants s’en trouvent-elles éclairées ? En dernier ressort, partant d’une position critique post-coloniale, cet article s’interroge sur les rapports, en cette période post-coloniale qu’est la nôtre, entre Dickens et les cultures du Moyen-Orient. Est-ce faire du simple « orientalisme » que d’enseigner Dickens et de revivre, à travers ses textes, notre expérience de la ville de Tripoli ? Dans quelle mesure l’auteur, qui a vécu et écrit en Grande-Bretagne en pleine période impérialiste, était-il intimement lié, sur les plans physique et imaginaire, à l’Orient