Les Guajiro, ethnie binationale transfrontalière ou nation amérindienne sans frontières ?

Les Amérindiens Guajiro, ou bien les Wayuu, occupent la péninsule de la Guajira entre la Colombie et le Venezuela. Ils y sont décrits comme pêcheurs, bergers, marchands, pratiquants de la polygynie et de la polyrésidentialité. Leur système de filiation est matrilinéaire. Leur pouvoir politique est segmentaire ; pourtant la société apparaît hiérarchisée. Actuellement, il y a plus de 500.000 Wayuu entre les deux pays. Dans leur cas, les frontières entre mobilité et migration s'estompent, si on tient compte du fait qu'ils traversent une frontière territoriale entre deux États, mais sont toujours à l'intérieur de leur territoire ancestral « la Grande Nation Wayuu sans frontières ». Par ailleurs, l’approche classique des Amérindiens associe leurs sociétés avec les espaces ruraux. Dans l'imaginaire occidental, être amérindien signifie habiter dans les zones rurales ou la jungle. Les villes des Amériques fondées à partir du XVIe siècle sont de lieux où le monde européen, particulièrement l'hispanique a été transposé dans le continent. Mais des travaux sur les cultures populaires urbaines montrent que les racines Amérindiennes ne disparaissent pas dans les villes et dans les zones suburbaines du continent. Dans cette même perspective, en wayuunaiki, la langue des Guajiro, les notions d'« Amérindien » et d'« Occidental » correspondent aux notions de Wayuu et d'Alijuna. Pour la notion de « ville » il y a jipiapa Alijuna – soit « la terre des Occidentaux ». Or de façon contemporaine on constate leur présence, temporaire ou permanente, dans les villes depuis des années et à proximité ou non de leur territoire traditionnel. Il s'agit donc de confronter l'idée « de la grande nation wayuu sans frontière » dans le quotidien des Wayuu bilingues, principalement entre les villes de Maracaibo au Venezuela et de Ríohacha en Colombie. Dans cette même perspective, il s'agit de proposer un regard urbain ainsi que transfrontalier de ce peuple, à travers les deux villes qui se trouvent à proximité, pourtant, des deux pays différents. Des parcours, principalement entre les deux lieux, des entretiens non directifs, des conversations spontanées, ainsi que des documents sur place sont considérés, entre 2010 et 2011. Pour articuler une perspective hémisphérique, cette communication parle d'ailleurs de la frontière entre certains termes considérés comme opposés : ethnie/nation, Amérindien/Occidental, rural/urbain.El grupo amerindio Guajiro, o bien, los Wayuu, se encuentran en la península de la Guajira entre Colombia y Venezuela. Se les describe como pescadores, pastores, comerciantes, practicantes de la poligina y de la poliresidencialidad. Su sistema de filiación es matrilineal. Aunque su organización política es segmentada, se trata de una sociedad jerarquizada. Actualmente hay más de 500.000 Wayuu entre los dos países. En su caso, las fronteras entre movilidad y migración se desvanecen ya que si bien atraviesan la frontera entre dos Estados, se encuentran a la vez dentro de su territorio ancestral, “la gran Nación Wayuu sin fronteras”.Por otra parte, la mirada clásica sobre las sociedades amerindias las asocia con los espacios rurales. En el imaginario occidental, ser amerindio significa vivir en las zonas rurales o en la jungla. Las ciudades de las Américas fundadas a partir del siglo XVI son lugares donde el mundo europeo, particularmente hispánico, se ha trasplantado en el continente. Pero los trabajos sobre las culturas populares urbanas muestran que las raíces amerindias no desaparecen en las ciudades y en las zonas suburbanas del continente. En esta misma perspectiva, en wayuunaiki, el idioma de los Guajiro, las nociones de “amerindio” y de “occidental” corresponden a las nociones de wayuu y de alijuna; para la noción de “ciudad” se tiene jipiapaalijuna – “la tierra de los occidentales”. Ahora bien, contemporáneamente se constata su presencia, temporal o permanente, en las ciudades desde hace años, ya sea cerca o no de su territorio tradicional.Se busca entonces confrontar la idea de “la gran nación wayuu sin fronteras” en el cotidiano de los wayuu bilingües, principalmente entre las ciudades de Maracaibo en Venezuela y de Riohacha en Colombia. Del mismo modo, se busca proponer una mirada urbana así como transfronteriza de este pueblo, a través de dos ciudades que se encuentran cerca, sin embargo, de dos países diferentes. Se han tenido en cuenta recorridos – principalmente entre los dos lugares – entrevistas no dirigidas, conversaciones espontáneas, así como documentos in situ, entre 2010 y 2011. Articulando una perspectiva hemisférica, esta comunicación habla también de la frontera entre ciertos términos que se consideran opuestos: etnia/nación, amerindio/occidental, rural/urbano