Comment enquête-t-on sur la socialisation cosmopolite ?

Alors qu’on ne compte plus les travaux consacrés au cosmopolitisme, la littérature sociologique ne s’intéresse que depuis peu aux formes ordinaires, banales de l’expérience vécue de la société globale. Cet article voudrait combler cette lacune, en proposant une approche fondée sur la socialisation cosmopolite. Cette dernière est entendue plutôt comme un processus long, sinueux, voire réversible – parfois même contradictoire et non cohérent – d’acquisition éventuelle d’un esprit par des contacts et/ou rencontres – imaginés, virtuels ou réels – avec l’altérité que comme le déploiement d’une disposition ou la mise en acte d’une propriété. Le processus réflexif de construction d’un rapport à l’altérité se compose de quatre figures majeures, distinguées ici dans un but analytique. Nous les avons nommées : cosmo-esthétique, cosmo-culturaliste, cosmo-éthique et cosmo-politique. Construites à partir de la lecture de travaux portant sur le cosmopolitisme ordinaire, banal, quotidien, ces quatre figures voudraient comprendre les mécanismes par lesquels les individus produisent ou non des discours universalistes, mobilisent ou non des répertoires cosmopolites, participent ou non à l’élaboration de cultures et imaginaires transnationaux dans les différents domaines de l’esthétique, de la culture, de l’éthique et de la politique.While there are countless research on cosmopolitanism, the sociological literature has only recently expressed interested in the ordinary forms of the mundane experience of global society. This article would fill this gap by proposing an approach based on the cosmopolitan socialization. The latter is understood rather as a long, sinuous or reversible processus - sometimes even contradictory and incoherent – of a possible acquisition of a spirit through contact and/or encounters - imagined, virtual or real - with otherness than the deployment of a disposition or the enactment of a property. The reflexive process of engaging with otherness consists of four major figures, distinguished here for an analytical purpose. We have named them: cosmo-aesthetic, cosmo-culturalist, cosmo-ethical and cosmo-political. Stemmed from the reading of texts on ordinary, banal, daily cosmopolitanism, these four figures would understand the mechanisms by which individuals produce or not universalist accounts, mobilize or not cosmopolitan repertoires, perform or not transnational imaginaries and cultures in the distinctive realms of aesthetics, culture, ethics and politics