Une « communauté spatiale » au fondement de l’action politique ? Les mobilisations d’habitants face aux projets urbains à Marseille à l’époque moderne

La capacité d’action politique dans les villes de l’époque moderne est souvent conditionnée par la détention d’un régime de citoyenneté. La ville de Marseille ne déroge pas à cette règle, et le statut de citoyen constitue théoriquement la seule voie d’accès à l’exercice politique dans la cité. Pourtant, plusieurs mobilisations d’habitants à propos d’aménagements de l’espace de la ville révèlent la revendication par ces collectifs d’une autre forme d’appartenance locale, et d’autres fondements permettant l’activation des liens civils entre les habitants. L’inscription de l’individu dans un espace social est alors érigée en condition suffisante et légitime d’une expression politique dans la cité, et dessine les contours d’une communauté des habitants libérée des rigidités légales des citoyennetés d’Ancien Régime.In early modern cities, the capacity for political action was often determined by the possession of civic rights, and Marseilles is no exception to this rule. Citizenship was theoretically the only way to exercise political rights in the city. Yet, many inhabitants’ mobilizations against urban planning operations highlight other forms of inclusion in the city as well as other foundations to the activation of civil ties between the residents. The inclusion of a subject in a social space was considered a sufficient condition to political expression in the city. The present study outlines the existence of a community of inhabitants freed from the legal conditions imposed by early modern citizenship.La capacidad de respuesta política en las ciudades de la edad moderna es muchas veces condicionada por la posesión de un régimen de ciudadanía. La ciudad de Marsella no constituye una excepción a la norma, y el estatuto de la ciudadanía es, en teoría, la única vía de acceso al ejercicio político en la ciudad. Sin embargo, varias movilizaciones de vecinos de la ciudad contra la distribución espacial de la ciudad revelan la reivindicación por parte de estos colectivos de una nueva forma de «afiliación local», y de otras bases para la activación de las relaciones civiles entre los residentes. Así la inclusión de una persona en un espacio social se convierte en una condición suficiente y legítima para la expresión política en la ciudad, y deja perfilarse una comunidad de habitantes liberada del peso de las leyes de las ciudadanías del Antiguo Régimen