La réforme du curriculum québécois et son difficile atterrissage

Le Québec a connu au tournant du millénaire une ambitieuse réforme du curriculum de l’éducation préscolaire et de l’enseignement primaire et secondaire visant à plus de justice et d’équité ainsi qu’à un renforcement de la fonction cognitive et culturelle de l’école. Préparée tout au long des années quatre-vingt-dix, puis implantée graduellement au cours des années 2000, cette réforme a donné lieu à de vifs débats, parmi les acteurs de l’éducation et au sein de la société civile et des médias. De plus, elle a été mise en œuvre par plusieurs ministres différents. Vingt ans plus tard, avec la publication d’un rapport sur les processus de transformation du curriculum mis en œuvre dans le cadre de cette réforme, un cycle de politique publique en matière de curriculum semble achevé. L’article met en évidence, à la lumière de cette expérience, le fait que toute politique ou réforme comprend deux composantes également importantes pour son succès : les idées qui la portent et sa mise en œuvre concrète. La meilleure gestion du changement et de ses processus ne peut combler les lacunes d’idées mal conçues ou inappropriées. Au Québec, les écarts entre intentions et réalisations ont fait naître le doute sur la possibilité d’engager et de mettre en œuvre une réforme globale et ambitieuse.At the turn of the millennium, Quebec underwent an ambitious reform of the curriculum for preschool education and elementary and secondary education aimed at achieving greater fairness and equality and strengthening the cognitive and cultural function of schools. Prepared throughout the 1990s, then gradually implemented in the 2000s, this reform has generated intense debate among those involved in education and within civil society and the media. It was also implemented by several different ministers. Twenty years later, with the publication of a report on the transformation processes of the curriculum implemented as part of this reform, a public policy cycle on curriculum seems to have been completed. In light of this experience, the article highlights the fact that any policy or reform includes two components, equally important to its success, namely its formulation (or the content) and its implementation (or the practical application). The best management of change and its processes cannot make up for the shortcomings of poorly conceived or inappropriate ideas. In Quebec, these failures have caused doubts about the possibility of committing to and implementing a global and ambitious reform.Con el cambio de milenio, Quebec ha experimentado una ambiciosa reforma del currículo de la educación preescolar y de la enseñanza primaria y secundaria en aras de una mayor justicia e igualdad, así como de un refuerzo de la función cognitiva y cultural de la escuela. Preparada durante los años 90 y posteriormente implantada paulatinamente durante la década de 2000, esta reforma ha dado lugar a intensos debates entre las figuras de la educación y entre la sociedad civil y los medios de comunicación. Además, ha sido implantada por varios ministros diferentes. Veinte años más tarde, con la publicación de un informe sobre los procesos de transformación del currículo implantado en el marco de esta reforma, parece haber finalizado un ciclo de política pública en materia educativa. El artículo pone de relieve, a la luz de esta experiencia, que toda política o reforma incluye dos componentes de igual importancia para su éxito : la elaboración (o el contenido) y la puesta en práctica (o la traducción concreta). La mejor gestión del cambio y de sus procesos no puede colmar las lagunas de ideas mal diseñadas o inadecuadas. En Quebec, estos fracasos han hecho surgir la duda de la posibilidad de iniciar y aplicar una reforma global y ambiciosa