Mères seules et belles-mères. Normes conjugales et maternelles en tension.

A partir d’une enquête ethnographique conduite dans deux associations (l’une réunissant des mères en situation monoparentale, l’autre des belles-mères en famille recomposée) et d’entretiens réalisés dans et hors du contexte associatif, cet article analyse la manière dont les expériences de séparation et de recomposition mettent en tension les normes de maternité et de conjugalité portées par les femmes. L’expérience de la monoparentalité suscite simultanément une revendication d’indépendance des mères hors de la famille nucléaire et une réaffirmation de la prééminence d’un lien mère-enfant naturalisé. A l’inverse, l’expérience de la beau-parentalité favorise une critique de l’identité maternelle assignée aux femmes mais s’accompagne d’une valorisation de la relation conjugale. Le travail de direction des associations participe ainsi à la diffusion de normes de maternité et de conjugalité. L’enquête menée en région parisienne auprès de femmes non-adhérentes à une association montre que la position sociale et la trajectoire familiale antérieure influent sur les logiques d’agencement des normes de maternité et de conjugalité.Based on an ethnographic field made in two associations (one of single-mothers and the other of stepmothers), and on 56 interviews carried out with members and non-members of those associations, this article seeks to interrogate how single-motherhood and step-motherhood affect maternity norms of women. It shows that those norms vary according to the women’s family trajectory. The experience of single-motherhood simultaneously leads to a demand of women independence out of the nuclear family model and to a reaffirmation of the prominent and naturalized mother-child bond. Conversely, the experience of step-parenthood leads to a criticism of the maternal identity and to a valorization of the conjugal relationship. The analysis reveals the way associations affect women’s norms while a study conducted in Ile-de-France with women who are non-members of associations reveals how social position and prior family trajectory of women affect their norms of maternity and conjugality