Cette contribution porte sur les liens entre modernité et avant-garde dans l’espace germanophone après 1945, plus exactement sur les phénomènes d’auto-historicisation auquel se livre l’avant-garde dada dans sa production tardive. Ce geste historiographique contradictoire – Dada était contre toute histoire et contre toute théorie – se double d’un second paradoxe : la réappropriation de la modernité littéraire par ces mêmes dadaïstes vieillissants, alors que toute tradition était « taboue » dans les années dix et vingt au nom d’un principe de table rase. Ce phénomène a lieu principalement à l’Ouest, non par affinité politique ou idéologique, mais par désir d’accéder à un plus large lectorat, sans pour autant donner lieu à une institutionnalis...