Si l’on essaye de baliser l’histoire du canon littéraire français, deux querelles semblent permettre de repérer les enjeux de la légitimation des auteurs nationaux par leur érection en « classiques ». L’une, le première en date, a vu au premier tiers du xviiie siècle, des érudits s’affronter non tant sur la liste des « classiques » qu’il s’agissait alors d’inventer que sur les usages qui pouvaient en être faits. L’autre, la plus récente en date, advenue autour des programmes d’enseignement en 2000, apparaît elle aussi comme un débat sur les usages de la littérature légitime. Et par-delà ces usages, ces débats engagent aussi des intérêts de deux ordres : corporatifs d’un côté, politiques de l’autre. Le propos n’est pas alors de prendre parti...