Médecine clandestine et vasectomie volontaire dans l’Europe de l’entre-deux-guerres

Le renouvellement de la perception des processus de génération a accru l’implication des hommes dans la reproduction en même temps qu’il a renforcé la médicalisation des questions sociales. En parallèle de ses indications thérapeutiques et eugéniques relativement courantes dans les années 1920 et 1930, la vasectomie est employée en Europe à partir de 1929 dans un but anticonceptionnel. De façon marginale, cette pratique se répand à travers des réseaux libertaires à l’initiative de médecins et de néo-malthusiens. Le cadre légal et les significations sociales d’un même geste mettent ici en exergue les enjeux discursifs dans l’intégration et la diffusion d’une technique médicale. Tandis que patients et médecins se font complices d’un acte hors-la-loi, la criminalisation de la stérilisation volontaire interroge autant les limites de la disposition de soi que celles de l’autonomie du savoir médicalA new perception of the generation process has increased men’s involvement in reproduction as well as it strenghtened the medicalization of social issues. In addition to its therapeutic and eugenic indications—rather common in the 1920s and the 1930s—vasectomy was used in Europe from 1929 as a contraceptive. Practitioners and neomalthusanians started the practice which then spread through libertarian networks. The social and medical implications of such an act are emmphised by the numerous discourses aimed at justifying and advertising the technique. While patients and practitioners become accomplices of an illegal act, criminalizing voluntary sterilization questions the limits of self disposal and also of the autonomy of medical knowledge