Pip and Jim Hawkins: the Spontaneous generation of two mistakes of fiction

Pip and Hawkins: the spontaneous generation of two mistakes of fiction.Dans The Mill on the Floss (1860) le narrateur omniscient, très adulte, pose un diagnostic sur l’indomptable petite Maggie Tulliver: «a small mistake of nature», créature hybride entre l’animal et l’adulte, elle incame cet intérêt relativement récent de la littérature victorienne pour ces enfants jusque là non répertoriés par la fiction. Objet relativement inédit, Maggie fait pourtant dans le texte une irruption contrôlée, la ligne de fuite reste thématique, puisque Maggie n’accède pas à la voix narrative.Il en va autrement dans Great Expectations (1860) et dans Treasure Island (1883) où les enfants, deux orphelins de père, antiœdipe littéraires, partent à l’abordage du récit réaliste. Stevenson fait de Jim le narrateur de droit de Treasure Island, tandis que Dickens insinue subrepticement la voix pirate de Pip dans ce texte ventriloque, en mode mineur, en concurrence active avec sa voix d’adulte, narratrice en titre. Je souhaiterais montrer que «ce que les enfants disent» (Deleuze, Critique et Clinique) dans ces deux romans ouvre une brèche dans la forme réaliste, et que Dickens et Stevenson décèlent dans la voix de l’enfant le modèle d’une forme littéraire à venir, une forme caractérisée notamment par l’indéfini, le parcours, et le bégaiement