Homais et le journal

Dans Madame Bovary, le personnage de Homais est indissociable du journal qui lui sert de marqueur le spécifiant. Cet article a pour enjeu de montrer que cette double existence romanesque, Homais et le journal, est soumise à une même logique d’invalidité de la part du romancier ; le pharmacien est le personnage-type de ce qu’exècre Flaubert, la bourgeoisie provinciale, le langage de la bêtise... Quant à la presse, cette écriture de la hâte, éphémère, industrielle, marchande, elle est en opposition totale avec l’idéal de l’écriture artiste, lente, maturée, travaillée stylistiquement, visant l’éternité. C’est dans sa lecture du quotidien que Homais puise ses sujets de conversation, sa culture et qu’il se rend intéressant pour exister dans le petit village d’Yonville et dans le roman. Il en est le lecteur, le répétiteur, mais aussi le journaliste et c’est par ce biais qu’il déploie toute sa personnalité orgueilleuse. Le journal permet non seulement la construction de son ethos mais ses articles assurent aussi une fonction dramatique car ils ponctuent les événements du roman tout en posant des questions éthiques. Enfin, la spécificité de son style qui projette sa personnalité est sujette à une réflexion esthétique et à un questionnement critique du romancier en ce siècle de la crise du langage.In Madame Bovary the figure of Homais is inseparable from the newspaper, a marker that specifies him. This article aims to show that this double novelistic existence is subjected to the same logic of invalidity by the novelist: the chemist is the typical character whom Flaubert despises, provincial bourgeoisie, the language of stupidity… As for the press - this writing of haste, ephemeral, industrial, commercial -, it is totally opposed to the ideal of the artist’s writing, slow, ripened, stylistically elaborated, striving for eternity. For Homais the daily paper is the source of his conversation, his culture, making him interesting so he can play a role in the small town of Yonville and in the novel. He is its reader, its repeater, but journalist as well, and it is by this means that he displays his self-glorious personality. The newspaper not only permits the construction of his ethos, but its articles also play a dramatic role, for they rhythm the events of the novel while raising ethical issues. Last, the specificity of his style that projects his personality is subject to an esthetic reflection and a critical questioning by the novelist in this century when language is undergoing a crisis