La Révolution française et l’historiographie romantique ont voulu démarquer le passé du présent. À rebours d’un tel geste, les personnages de Stendhal sont de vivants anachronismes. Pour eux, en eux, l’histoire frémit, l’histoire palpite. Modelée par leurs représentations et orientant leurs comportements, virtualisée, elle résiste à l’ordre du temps. L’épopée napoléonienne et le premier dix-neuvième siècle sont le cadre privilégié de cette subjectivation. Ainsi Le Rouge et La Chartreuse confirment-ils l’hypothèse de Walter Benjamin, selon laquelle « le passé n’est pas antérieur au présent, [il lui est] simultané et non contigu ». Impossible dès lors d’être le contemporain de quelque époque que ce soit : à qui recherche un présent intégral, ...