Politiques de la nuit

Ce numéro de Cultures et Conflits invite à une sociologie politique de la nuit, en la considérant comme un temps social qui conditionne certains rapports sociaux et dont la régulation constitue un enjeu d’affrontements politiques. Espace-temps aux frontières indéterminées et mouvantes, la nuit et ses usages sont l’objet d’investissements politiques menés par différents groupes ainsi que par les autorités chargées d’arbitrer entre leurs prétentions et d’ordonner, sinon domestiquer, la vie nocturne. A partir d’analyses portant sur différents contextes politiques et sociaux (France, Russie, Sénégal, Etats-Unis) et sur différentes façons de vivre la nuit (nuit de travail, nuit festive, nuit « à la rue ») ce numéro montre comment la nuit, bien qu’objet d’interventions publiques spécifiques et temps de transgressions, est avant tout un révélateur de l’ordre social et politique. Drawing on the analysis of a variety of social and political contexts (France, Russia, Senegal, USA) and on multiple ways of living or experiencing the night (night work, night fun, night “on the street”), this issue calls for and contributes to the development of a political sociology of the night. While its regulation is a matter of political struggle, the night is considered as a social time that structures relevant social relationships. As a time-space with undefined and moving frontiers, groups and authorities in charge of policing the night in addition to arbitrating between conflicting interests compete and invest in the night and its usages. Although the night is targeted by specific public interventions and is often the temporal period in which various transgressions occur, this issue of Cultures & Conflits puts great emphasis on the extent to which the night is, above all, revealing of political and social order