L’enseignement de l’histoire au Japon : jusqu’ici tout allait (presque) bien

Contrairement à l’idée que l’on en a souvent dans nos pays, l’enseignement de l’histoire dans les collèges et les lycées japonais, porté par des manuels scolaires qui reprennent les avancées de la recherche historique et intègrent les « sujets qui fâchent », se révèle, depuis la fin des années 1970, plutôt de qualité. Les manuels révisionnistes qui ont défrayé la chronique ces dernières décennies ne sont ainsi, jusqu’ici, jamais véritablement entrés dans les salles de classe. Cette situation connaît cependant aujourd’hui de profonds bouleversements qui rendent l’avenir incertain, sinon inquiétant. Les initiatives récentes du Parti libéral démocrate, du ministère de l’Éducation japonais et de l’actuel Premier ministre, Abe Shinzô, sont en effet en train de modifier en profondeur cet enseignement, en agissant simultanément sur les programmes, sur la fabrication des manuels ainsi que sur les modalités de sélection de ceux-ci par les autorités éducatives locales. Cet article évoque cette évolution en en détaillant les tenants et les aboutissants.Contrary to the impression we often have in the West, history teaching in Japanese high schools, sustained by textbooks that integrate recent historical research and broach sensitive subjects, has been of a high standard since the end of the 1970s. The revisionist textbooks that have made headlines over recent decades have not, until now, ever really be used in the classroom. However, this state of affairs is undergoing profound upheaval, making the future uncertain, if not cause for concern. Recent initiatives undertaken by the Liberal Democratic Party, the Japanese Ministry of Education and the current Prime Minister, Shinzo Abe, are fundamentally modifying the way history is taught, by intervening simultaneously in curricula, textbook writing, and the criteria used by local educational authorities to select textbooks for schools. This article discusses these changes, the reasons behind them and their implications