Pour une histoire du cinéma sans noms

Partant du constat qu'une théorie (et une histoire) des « formes » cinématographiques font actuellement défaut, la proposition d'une histoire du cinéma sans noms n'ambitionne pas de s'interroger sur la « nature intrinsèque » du cinéma ni sur les fondements de l'instance auteuriste, elle veut essayer de raisonner comme si on pouvait mettre de côté les théories auteuristes, les poétiques d'auteurs, les systèmes de cohérence liés à ces modèles, pour essayer de regarder (avant que d'analyser) les films en les mettant en relation avec les autres phénomènes de la culture et avec le contexte historique. Il s'agit d'explorer un mode possible de manifestation du cinéma, non de participer à une nouvelle entreprise de fondation du cinéma. Comment procéder à cette simulation ? Quels instruments utiliser ? Il est sans doute nécessaire de reconstituer une histoire du spectateur pouvant permettre de récupérer passages et fonctions de première importance marginalisées ou occultées par le modèle « de l'auteur ». Sans la volonté de construire un système conceptuellement organique et fermé, cette histoire du cinéma pourrait donc fonctionner de manière intermittente, discontinue, se replier sur elle-même, faire des sauts. L'histoire des formes, l'évolution des unités de style, à leur tour, nous demandent ce type de schémas, cette liberté.Starting from the observation that there is currently no theory (or history) of film «forms», the idea of a film history without names is not intended to question the «intrinsic nature» of cinema, nor the underpinnings of auterist theory. It is an attempt to think as if one could set aside auteurist theories, the poetics of the auteur, the systems of coherence related to such models, and simply look at (before analysing) films, while relating them to other cultural phenomena and to the historical context. It is a matter of exploring a possible mode of manifestation of cinema, rather than contributing once more to an understanding of cinema's foundation. How to make this simulation come about ? With what tools? No doubt it would be necessary to reconstitute a history of the spectator, one that would allow us to re-evaluate passages and functions of first importance that the auteur model has marginalised or obscured. Without wishing to construct a conceptually organic or closed system, one could imagine such a history functioning intermittently, discontinuously, turning back on itself or leaping ahead. The history of forms, the evolution of patterns of style, in turn requires this type of schema, this type of freedom