Les premiers jalons du millénarisme : ferments d’utopie ?

Les premiers jalons du millénarisme s’inscrivent dans la tradition de la prophétie apocalyptique et, à ce titre, ils ont pu subir l’influence de l’Iran ancien et du judaïsme. Le paganisme grec a eu également un rôle à jouer. C’est pourquoi les premiers textes traitant du millénarisme présentent des motifs semblables à ceux des « utopies anciennes » qui exposent la découverte de contrées extraordinaires où la nature donne spontanément ses fruits en abondance et où règne l’entente générale ; de même, la cité de la nouvelle Jérusalem, régie par le Christ pendant son règne de mille ans, rappelle les cités antiques idéales, où peut s’épanouir un bonheur collectif. Toutefois, la perspective religieuse particulière dans laquelle s’inscrivent les textes retenus pour cette étude fait naître des différences – notamment la dimension du futur ou la dimension verticale du voyage qui mène à la cité idéale – ; celles-ci n’empêchent cependant pas les auteurs millénaristes de s’attacher aux images traditionnelles de terres eu-topiques, de les enrichir et de fournir ainsi un ferment utopique qui pourra se développer ultérieurement.The first texts regarded as the milestones of the millenarist conception are anchored in the tradition of apocalyptic prophecy and thus they may have been influenced by Ancient Iran and Judaism. Greek paganism probably also played a part. Therefore these texts offer similar motifs to those found in “ancient utopias” which describe the discovery of far-off extraordinary countries, where nature gives automatically fruits in abundance and where people live in harmony. In the same way, the New Jerusalem city in the one thousand year reign of Christ recalls ancient ideal cities where happiness for all is possible. However, differences are to be found in the particular religious conception which the texts chosen for this article present —especially as regards the future, or the vertical dimension of the journey leading to the ideal city. Nevertheless these differences do not prevent the millenarist authors from being interested in traditional images of eutopian countries, from enriching them and thus providing a ferment of utopia which is to be enhanced later on