La philosophie polonaise au xxe siècle : autour d’un paradigme perdu

Après avoir retrouvé enfin son existence en tant qu’État (1918), la Pologne a donné naissance à un mouvement philosophique exceptionnel, connu sous le nom d’École de Lvov-Varsovie. Cette formation académique universellement reconnue dans les années trente est tombée dans la disgrâce et l’oubli (à l’exception de ses logiciens les plus renommés) à la suite du partage politique et idéologique du monde après 1945. Reprenant le questionnement de Norman Davies sur l’impact de ces événements dans le domaine de l’historiographie polonaise, nous nous penchons sur le récit de l’histoire de la philosophie polonaise au xxe siècle.Cette enquête sur la spécificité de la philosophie polonaise au xxe siècle nous amène à conclure à la nécessité de réécrire au moins en partie son histoire. Elle nous confirme aussi dans la conviction de l’importance philosophique de la « troisième voie » proposée par Kazimierz Twardowski et de son étonnante actualité (surtout de sa Théorie des actions et des produits).In 1918, Poland finally recovered its being as a sovereign state. The country brought forth an exceptional philosophical movement, known as the Lvov-Warsaw School. The academic training identifying it, universally reputed in the 1930s, fell into disgrace and obscurity (with the exception of its most renowned logicians) following the political and ideological carving up of the world that began in 1945. Taking up Norman Davies’ line of questioning on the impact these events had on Polish historiography, we look into the history of Polish philosophy’s evolution in the 20th century.This inquiry into the particularity of 20th century Polish philosophy leads us to conclude in the necessity of re-writing a part of this history, at least. It also solidifies our conviction about the philosophical importance of the « third way, » proposed by Kazimierz Twardowski, as well as its astonishing present day pertinence (especially in the case of his Theory of Actions and Products)