79. Manifeste du Rassemblement pour l'indépendance nationale

La Révolution tranquille vient à peine de débuter — le gouvernement libéral de Jean Lesage entre en fonction le 5 juillet 1960 — que se crée, le 10 septembre, le Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN), qui, un mois plus tard, adopte un manifeste. L’indépendance, selon le RIN, s’inscrit naturellement dans la « ligne de l’histoire du Canada français » et dans un vaste mouvement mondial, puisque les années 1960 marquent la fin des grands empires coloniaux, français, britannique, belge, etc., les colonies d’Afrique ou d’Asie accédant en série à la souveraineté. Le RIN fait aussi de l’indépendance le moyen nécessaire au « peuple canadien-français » pour « choisir librement les voies de son avenir ». Mais, différence significative avec les autres mouvements indépendantistes qui l’ont précédé, le Rassemblement ne propose, dans un premier temps, que l’indépendance, sans nécessairement l’assortir, comme l’Alliance laurentienne (texte 73) ou la Revue socialiste, d’un programme politique complet, corporatiste ou socialiste. De « groupe de pression » à ses débuts, le RIN deviendra parti politique au milieu des années 1960. Il présentera des candidats aux élections provinciales de 1966 avec un programme d’inspiration social-démocrate, avant de se saborder en 1968 pour laisser toute la place au Parti québécois de René Lévesque. Avec le début de la Révolution tranquille et l’apparition de mouvements politiques nouveaux comme le RIN, la société québécoise entre dans ce qui apparaît comme une phase nouvelle de son histoire