Antoine Vitez aimait à désigner le théâtre comme une « machine à jouer », une « machine à rêver », où se déployait la force violente des idées, où les idées venaient faire ployer les corps, ceux des comédiens comme ceux des spectateurs. Toute la vitalité et la singularité du théâtre viennent de là. Le théâtre européen naît du rituel (il semble d’ailleurs que cette origine religieuse soit un point commun à toutes les cultures théâtrales de l’humanité), et devient aussitôt « machine ». Machine à organiser l’apparaître, machine à incarner des idées, machine à susciter des émotions, machine à interroger l’imaginaire, machine à rassembler les vivants, machine à interpeller les esprits, machine à confronter l’homme à lui-même, ses aspirations, s...