Aménager et exploiter la montagne sportive hivernale. La Société des chemins de fer et hôtels de montagne aux Pyrénées (1911-1982)

International audienceThe « generation » model set aside the two first ski resorts which was built in blank site in France, by the “Société des hôtels et Chemins de fer de montagne aux Pyrénées” (CHM) around 1911, Superbagnères and Font-Romeu. These ski resorts are born at the crossroad of the local ambitions of tourist diversification and the commercial strategy of the Compagnie des Chemins de fer du Midi. Pioneering developments, with significant capital, in order to ward off the hazard of the snow – already problematic – by climbing in altitude, these resorts appears too early. The winter market, which looked promising before 1914, stagnates, in fact, after the war. So, in the immediate future in France, there isn’t another blank site urbanization for winter sports. This market is revived by a series of changes in the 1930s, in particular the apparition of Alpine skiing and the automobile expansion, which was totally unpredictable when Superbagnères and Font-Romeu were imagined. Thereby, the relegation of the CHM is hard to avoid because their topographical site is not adapted to the new practices. To these contingent elements, there is to add social and political factors: for one, the absence of resort governance implies a disordered urban development, for the other, Superbagnères, land disputes between the CHM and the pastoral municipality that owns the ski area delay modernization. In the 1970s, it’s finally the recognition in public debates of the environmental issues that right about the later urban extension project of Superbagnères and decides the CHM to leave this last resort. More generally, this winter sport company shows, over a relatively long time, the undeterminable part of chance, experimentation and political strategy which crosses the exploitation of nature.Minorées par le modèle des « générations », les stations de sports d'hiver en sites vierges de Superbagnères et Font-Romeu dans les Pyrénées naissent autour de 1911, au croisement des ambitions locales de diversification touristique et de la stratégie entrepreneuriale de la Compagnie des chemins de fer du Midi. Aménagements pionniers en France, mobilisant des capitaux importants, dans le but explicite de conjurer un aléa climatique déjà problématique (l'enneigement) en montant en altitude, elles apparaissent cependant trop tôt. Le marché touristique hivernal qui semblait prometteur avant 1914, marque en fait le pas dans les années 1920 ce qui donne un coup d'arrêt aux aménagements en site vierge, fort coûteux. Ce marché est relancé par une série de changements survenus dans les années 1930, dont l'apparition du ski alpin et l'expansion de l'automobile, en partie imprédictibles lorsque furent imaginées Superbagnères et Font-Romeu. Ces stations sont de ce fait en proie à un déclassement difficilement remédiable car leurs sites ne se prêtent pas aux nouvelles pratiques sportives. À ces éléments contingents s'ajoutent des facteurs sociaux et politiques car si pour l'une, l'absence de gestion unifiée crée un développement urbanistique désordonné, pour l'autre, Superbagnères, des conflits fonciers avec la commune agricole propriétaire du domaine skiable retardent systématiquement la modernisation. Dans les années 1970, c'est finalement la reconnaissance dans les débats publics des arguments environnementaux qui a raison du dernier plan d'extension urbanistique de Superbagnères et qui pousse la CHM à se retirer de l'exploitation de sa dernière station au profit d'un syndicat intercommunal. Cette entreprise de sports d'hiver montre plus généralement, sur un temps relativement long, la part de contingence, d'expérimentation et de politique qui parcourt la mise en exploitation de la nature