Évaluation de l’impact écologique du projet d’autoroute A45 entre Lyon et Saint-Étienne : utiliser des résultats cartographiques pour ouvrir le débat entre scientifiques, aménageurs et grand public.

National audienceLe développement des infrastructures linéaires de transport conduit à une artificialisation du territoire se traduisant par une réduction de la connectivité écologique des espèces animales. L’utilisation de graphes paysagers permet de quantifier cette connectivité en la mesurant à l’aide de métriques spatiales. Certaines études tentent d’évaluer l’impact écologique potentiel d’une infrastructure en se focalisant sur l’impact global de celle-ci à l’échelle d’un territoire (calcul d’une métrique globale de connectivité) ou des taches d’habitat (calcul d’une métrique locale) mais peu de travaux tentent de spatialiser la connectivité potentielle de plusieurs espèces animales en tout point du territoire. Fort de ces constats, notre travail vise à répondre à deux questions principales :- Comment évaluer l’impact écologique d’une infrastructure de transport à l’aide de graphes paysagers pour plusieurs espèces animales ?- Comment représenter spatialement ces résultats pour les rendre explicites et utilisables pour la communauté scientifique, les acteurs locaux d’aménagement du territoire et le grand public ?Ce travail a été conduit sur une zone de 60 km de côté englobant les deux villes de Lyon et Saint-Étienne. Elle englobe dans son intégralité le projet très controversé d’autoroute A45 permettant de créer un nouvel axe de communication entre ces deux villes. Pour ce travail, nous avons modélisé un graphe paysager pour chaque espèce, en l’état actuel, et après construction de l’autoroute. Des métriques de connectivité sont calculées à plusieurs niveaux : pour le graphe entier (connectivité globale), pour chaque élément du graphe (connectivité locale), et pour chaque point de la zone d’étude (interpolation des métriques locales).Les métriques calculées avant et après le projet d’autoroute montrent que les impacts sur la connectivité globale de la zone sont plutôt faibles mais différenciés selon les espèces. Outre la rupture observée par l’autoroute sur les déplacements des espèces, la généralisation spatiale des métriques locales de connectivité montre que l’impact écologique de l’autoroute peut être très élevé dans des zones éloignées de celle-ci. En plus de ces cartographies, nous proposons ici de combiner ces différentes cartes. En prenant pour chaque point de la carte le plus fort impact écologique de chaque espèce, nous proposons une carte de synthèse des différents impacts. Nous avons ensuite présenté ces cartographies sous forme d’ateliers lors d’un rassemblement local contre le projet d’autoroute à la Talaudière (Loire) le 22/09/18. Les commentaires et les remarques des intervenants nous ont permis :1)De montrer l’intérêt de spatialiser les impacts écologiques sous formes de cartes2)De collecter différentes suggestions pour présenter ces résultats sous de nouvelles formes cartographiques afin que ces travaux puissent servir d’outil d’aide à la décision, à la fois pour les aménageurs locaux ou pour les opposants au projet de construction autoroutière.Suite à ces différents retours, nous proposons ici de montrer comment l’utilisation de résultats cartographiques peut être utilisée comme outil de médiation vers les différents acteurs. Plusieurs résultats cartographiques seront proposés dans un souci de vulgaristation de l’important dispositif de modélisation développé en amont. Plusieurs pistes seront évoquées afin d’ouvrir le débat concernant la valorisation de ces recherches scientifiques et leur application potentielle dans des cas concrets d’aménagement du territoire