Aristote : contradiction et métaphysique

International audiencePartant du constat de la pluralité des formulations du principe de contradiction dans Métaphysique Gamma d’Aristote, je m’intéresse plus particulièrement aux formulations logiques du principe, notamment celles du chapitre 4. Il s’agit du moment où Aristote entend montrer qu’on ne peut pas affirmer avec vérité les prédicats contradictoires ensemble. Pour ce faire, il passe en revue différents types de négation du principe pour pousser à bout la logique intenable de son adversaire : affirmer et nier le prédicat dans tous les cas, i.e., de tout sujet, ou seulement dans quelques uns ; nier la négation et l’affirmation du prédicat, nier cette négation de la négation… L’intérêt de cet examen est de montrer qu’Aristote conçoit ici la contradiction seulement comme opposition de prédicats. Autrement dit, Aristote se limite à la conception τι κατὰ τινός de la proposition, ce qui l’empêche de concevoir la contradiction autrement que comme opposition des prédicats. La comparaison avec la conception stoïcienne de la contradiction, telle que Sextus Empiricus nous l’a transmise, vient confirmer cette interprétation : pour les stoïciens, la négation porte sur la proposition entière et non pas sur le prédicat. Dès lors, toute proposition est vraie ou fausse. Le principe de bivalence n’a pas besoin de précisions supplémentaires quant au sens, au temps, etc. - précisions supplémentaires énoncées précisément par Aristote dans la parenthèse de l’énoncé canonique du principe de contradiction (1005b19-22) et auxquelles il s’attache dans le chapitre 4