«Toute la cour eut horreur » : Christine de Suède et le meurtre de Gian Rinaldo Monaldeschi

Sur la base de sources imprimées et manuscrites, l'essai analyse le débat intense qui eut lieu à partir de 1657 autour de la mort du marquis Gian Rinaldo Monaldeschi par ordre de Christine de Suède, alors qu'elle était l'hôte de Louis XIV à Fontainebleau, qui l'a accusé de trahison et de perfidie. Cet épisode frappa vivement ses contemporains et l'on trouve des traces dans de nombreux mémoires, lettres, nouvelles à main, dépêches des ambassadeurs, œuvres satiriques etc. Not seulement la figure ambiguë et complexe de Christine, ma la mort même de son écuyer, la façon dont les cellules-ci étaient produites, suite à l'objet d'une abondante littérature qui remonta au lendemain l'assassinat. Presenté par certains comme un meurtre ayant pour mobile les mauvaises passions, par d'autres comme la réaction à une trahison supposée politique, cet épisode provoqua un débat très animé. La comparaison entre les différents témoignages et les différents avis des membres de la cour, des ambassadeurs, des témoins oculaires, des pamphlétaires, des juristes et des philosophes, permet d'identifier au centre de la discussion les thèmes de la passion, de la violence et de l'assassinat politique conjugués au féminin et dans le contexte apparemment fort réglé d'une cour où Christine, une "reine de comédie", n'était qu'une invitée. On s'interrogea sur la légitimité même du geste en termes de droit pénal et public: en tant que reine elle exerçait sa juridiction sur ses sujets, ce qui aurait pu mener à des négociations entre la cour de France et cella de Suède, mais sa condition exceptionnelle lui permit d'échapper à un procès et à une condamnation