La supplication est un discours risqué. Acte de langage de « la dernière chance », elle tente d'inverser un rapport de force, ne serait-ce que ponctuellement. On songe aux demandes de grâce, à toutes sortes de placets, aux supplications amoureuses. Et fondamentalement, la supplication dérange, elle a un caractère potentiellement importun et menaçant, puisqu'elle place l'interlocuteur devant la nécessité de répondre. Elle représente souvent une expérience limite pour les interlocuteurs comme pour les spectateurs. Avec le suppliant, entre sur la scène un spectre inquiétant : celui de l'infortune et du malheur, de la souffrance dont nul ne voudrait se tenir responsable – mais aussi la possibilité d'un autre système de valeurs. Elle représente ...