Le pouvoir militaire et le rôle des forces armées après les indépendances

Aujourd’hui encore, les armées africaines jouent un rôle disproportionné et ambigu, s’arrogeant le droit d’intervenir dans le fonctionnement quotidien de l’État, et prennent le pas sur le pouvoir civil. Un système institutionnel hérité du pouvoir colonial, bornant l’État dans des frontières artificielles favorisant les crises, en est la cause fondamentale. Les facteurs endogènes d’ordre historique, social et culturel inhérents au continent contribuent à alimenter un processus délétère que les tentatives de traitement peinent logiquement à enrayer. Les solutions envisagées sont trop souvent inspirées par des intérêts particuliers plutôt que par une approche globale. Retrouver la juste place des armées dans le fonctionnement de l’État implique avant tout coordination des acteurs et réconciliation des logiques d’action. Conditions indispensables mais souvent contradictoires, elles tracent un chemin étroit où le succès, quand il existe, reste fragile.Today, the place and the power of the African armed forces are still disproportionate and ambiguous within the State. Because they exceed their role and responsibilities, they take an illegitimate if not unlawful precedence. Inherited from the former colonial power, civil institutions leave a major place to the armed forces, which then take advantage to replace their civilian counterparts in the daily functioning of the State. Historical, social as well as cultural and even economic factors tend to exacerbate the need for a pivotal role of the military. External solutions are too often inspired by State-individual interests rather than a global approach, hence hindering the return to civil governance. Reconciling clashing logics of action as well as the coordination of the various security sector reform (SSR) actors are essential to a still narrow road to success